En France, la révolution numérique est en marche... lente
La France a beau être la cinquième puissance économique mondiale, elle assure mal la transition au tout numérique, pourtant essentielle en terme de compétitivité. Progressivement, des initiatives pour favoriser le développement numérique fleurissent, notamment dans le domaine de l’éducation, mais leur succès n’a pas encore de réel impact.
La France, bonnet d’âne du numérique ? Reléguée à la 19e place dans le classement des pays bénéficiant d’un "environnement numérique de qualité", selon une étude publiée en avril par le Boston consulting group, elle accuse un sérieux retard. Le gouvernement en est conscient et réagit modérément. En novembre 2013, le président de la République, François Hollande, et le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, ont lancé 34 plans de renouvellement industriel. La filière numérique ayant été identifiée comme porteuse d’enjeux, de nombreuses initiatives pour booster son développement ont vu le jour.
« Mettre un coup d’accélérateur »
« Il y a une réelle volonté de la part du gouvernement et des entreprises de mettre un coup d’accélérateur », assure Déborah Elalouf, PDG de Tralalere, une société de création de contenus numériques et éducatifs. Impliquée dans les plans de renouvellement industriel, Tralalere a été mandatée par Arnaud Montebourg pour définir des orientations qui permettraient de favoriser le développement numérique. Une feuille de route sera remise à Bercy début juillet. Si son contenu ne peut être dévoilé dès à présent, Déborah Elalouf évoque trois axes de réflexion : le soutien à l’innovation des entreprises, la formation et l’éducation au numérique dès le plus jeune âge. En ce qui concerne l’éducation numérique, la France est mauvaise élève. Alors que le sujet fait encore débat en France, l’apprentissage du code fait déjà parti du programme scolaire des primaires au Royaume-Uni, en Finlande et en Estonie. Si le système éducatif français n’en est pas encore là, quelques établissements scolaires commencent à investir dans les outils numériques.
« Saisir le sujet à bras le corps »
C’est ce qu’a constaté Benoit Hamon, lundi 26 mai dans l’Allier, lors des visites d’une école, d’un collège et d’un lycée qui utilisent des tablettes tactiles et autres outils numériques. Quant à Fleur Pellerin, ministre du Numérique, elle a déclaré dans une interview au Monde « qu’apprendre à coder ou à développer peut permettre aux élèves de comprendre comment est construit l’univers digital dans lequel ils évoluent ». La volonté d’inculquer la culture du numérique dès le plus jeune âge est bien réelle mais les initiatives qui plaident en cette faveur peinent encore à se développer.
Selon Christophe Menanteau, directeur projet de Ecole – une nouvelle formation aux métier généralistes du numérique créée par LDLC.com, le leader de la vente en ligne de produits informatiques - le succès des initiatives n’est pas assez mis en valeur. « Il y a un manque de communication, les représentants du numérique en France comme les Digitals champions – les délégués du ministère du Numérique qui siègent à la Commission européenne - devraient saisir le sujet à bras le corps », avance-t-il. Et c’est chose faite, ou du moins en partie. Car si les Français n’ont pas encore tout à fait saisi l’importance du tout numérique, la dynamique est amorcée. Gilles Babinet, Digital champion, lancera prochainement la version française de Code academy, un site pour apprendre le HTML à distance aux 7-15 ans. Mais comme toute révolution industrielle, le tout numérique fait face à des réfractaires qui s’inquiètent des impacts sur l’éducation des enfants et sur le marché de l’emploi. D’où l’importance d’insister sur la formation, l’éducation et la démocratisation du numérique. C’est en développant ces trois axes que la France pourra grimper les échelons en terme de compétitivité.