"Mooc MANIA" dans les universités américaines
Avec le numérique, l’éducation est entrée dans une nouvelle ère. Récents en France, les cours dispensés via internet rencontrent un succès fou aux Etats-Unis.
Les Américains en raffolent. En France, il commence tout juste à faire son trou. Non, ce n’est pas le baseball, ni le nouveau hamburger à la mode. Qui aurait parié sur des cours d’université ? Et pourtant, quand ils sont donnés à distance, ça marche bien, voire très bien ! Ce concept, c’est le Mooc (Massive open online course). En français, un cours en ligne gratuit ouvert à tous, que certains considèrent comme une véritable révolution pour l’enseignement supérieur.
Le premier réel succès est né d’Andrew Ng, professeur à l’université de Stanford, en 2011. Son cours, intitulé « Introduction à l’intelligence artificielle », a en effet été suivi par près de 160000 étudiants dans le monde entier ! Aujourd’hui, 80% des établissements américains, dont les réputés Stanford et Harvard, en proposent. Il est donc possible de suivre gratuitement des cours de qualité de son salon, bien installé dans le fond du fauteuil. Et le choix est large : mathématiques, informatique, business, écologie, santé… Des plates-formes regroupant plusieurs universités ont été créées pour regrouper les cours, dont Coursera (Stanford) et EdX (MIT et Harvard). Avec un temps de retard, seuls 3% des établissements français proposent des Moocs depuis la dernière rentrée scolaire… Parmi eux, La Sorbonne, SciencesPo ou encore l’école Polytechnique. Tous se retrouvent sur la plate-forme Fun, qui regroupe une maigre totalité de 38 cours. Histoire de comparer, Coursera possède plus d’1,7 million d’inscrits dans 190 pays, quand Fun ne comptabilise qu’à peine 300000 utilisateurs, dont 86% de Français (7% en Afrique et 5% sur le continent américain).
Un retard relatif
En France, le précurseur des Moocs, ITyPA (Internet Tout y est Pour Apprendre), est né, en 2012, d’un partenariat entre Centrale Nantes et Télécom Bretagne. Pour Morgan Magnin, enseignant-chercheur à l’Ecole centrale de Nantes et à l’initiative du projet, le retard qu’a la France dans cette mise en place des Moocs n’est pas dû au hasard : « Les nouvelles techniques d’apprentissage grâce au numérique sont assimilées depuis longtemps aux Etats-Unis. Ici, les jeunes n’ont pas l’habitude des formations en ligne. » La France a créé sa propre plate-forme de Moocs en octobre 2013 : « France université numérique » (Fun). Catherine Mongenet en est la responsable au ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. A son sens, « le retard de la France est relatif. Je considère que 2013, ce n’est pas longtemps après Coursera ou EdX, qui sont nés en 2012. » Beaucoup d’établissements ont souhaité réaliser les cours en ligne bien avant Fun. « C’est pour cela que la ministre et son cabinet ont eu l’ambition d’offrir une technologie rapidement pour que les établissements aient à se préoccuper de créer des contenus et que la technologie ne soit pas un souci pour eux », ajoute-t-elle.
Alors que le gouvernement français, en débloquant douze puis huit millions d’euros pour les Moocs, commence à prendre le phénomène au sérieux, la frénésie s’essouffle déjà aux Etats-Unis. En cause : le manque de résultats par rapport à la quantité d’inscrits. Près de 86% d’entre eux abandonnent avant la fin par « manque de suivi de la part des enseignants », explique Morgan Magnin. Peu étonnant au vu du nombre exorbitant d’étudiants… Ajoutez à cela, malgré la gratuité des cours, le prix à débourser pour obtenir le certificat final, qui avoisine, en moyenne, une centaine d’euros. Si les Moocs des universités françaises venaient à connaître le même succès que leurs homologues américaines — soyons utopistes —, il ne faudra alors pas donner cher de leur peau. Ou mettre en place les moyens nécessaires.